× 
 ESPACE MEMBRE

Murin de Capaccini, Vespertilion de Capaccini  EFFECTUER UN SIGNALEMENT

Classification

Nom scientifique : Myotis capaccinii (Bonaparte, 1837)
Nom vernaculaire : Murin de Capaccini, Vespertilion de Capaccini
Nom corse :

Classe : Mammalia
Ordre : Chiroptera
Famille : Vespertilionidae

Espèce sédentaire
Espèce protégée nationalement
Espèce en danger de disparition (EN)
Espèce peu courante

Caractéristiques

Identification et critères de détermination

Le murin de Capaccini présente une taille moyenne avec un bout de tragus avec une pointe fine, non lancéolé, typique, en forme de « S ». Il est surtout identifiable par ses grands pieds (10-13 mm). Le museau est court, brun à rosé et les narines sont proéminentes. Le pelage est long, de couleur contrastée : le dos est grisâtre, voire légèrement brun, alors que le ventre est blanc pur à blanchâtre. Les membranes alaires et les oreilles sont grises. Il est également caractérisé par une insertion des ailes au niveau du tibia, assez velue. Une confusion régulière est faite avec le Murin de Daubenton. Ce dernier est plus ovoïde, moins grisonnant, sans narines proéminentes.

Biologie

Régime alimentaire : Cette espèce capture ses proies avec ses pieds et son uropatagium (membrane de la queue). Son régime alimentaire varie en fonction des émergences de proies. Ce sont principalement les insectes aquatiques tels que les diptères (chironomes et culicidés en essaim), les trichoptères et de manière plus secondaire des insectes non aquatiques (hyménoptères, coléoptères, lépidoptères). En Espagne et Israël, les biologistes ont pu mettre en évidence que cette espèce était capable de se nourrir d’alevins et petits poissons (de 5 à 8 cm).
Taille moyenne : avant-bras : 38 à 43 mm
Taille corporelle standard : 42 à 57 mm
Envergure : 230 à 260 mm
Poids : 7,5 à 14,5 g
Longévité : Aucune donnée spécifique n’est disponible.
Reproduction : Le Murin de Capaccini se caractérise par une mise bas très précoce, qui débute mi-mai, 15 jours avant les autres espèces du même gîte. Les jeunes commencent leur envol environ 4 semaines plus tard (mi-juin).
Écholocalisation : Comme pour l’ensemble des Myotis, cette espèce émet ses cris par la bouche. Les signaux émis sont en fréquence modulée abrupte et présentent une courbure sigmoïde caractéristique, avec une fréquence terminale > à 30 kHz. La durée du cri est longue (> 5 ms) et l’énergie est bien répartie sur l’ensemble du signal. Une confusion est possible avec le Murin de Daubenton lorsque celui-ci est sur l’eau ou le Murin à oreilles échancrées.

 

Video

Écologie

Localisation : C’est une espèce typiquement méditerranéenne dont l’aire de répartition correspond à la zone de l’olivier. On la retrouve également en Italie, dans les Balkans, la Bulgarie, Roumanie, Grèce et Turquie et de manière plus fragmentée au Maghreb et Moyen-Orient. En Corse, sa distribution est discontinue, du nord au sud, à des altitudes inférieures à 700 m.
L’état des populations de cette espèce est encore mal connu ; cependant la baisse importante observée des effectifs en Corse est inquiétante.
Habitat :
Gîtes ; il est très rare de trouver cette chauve-souris en dehors des milieux souterrains (galerie, mine, grotte) et à l’écart des autres espèces cavernicoles (Miniopterus schreibersii, Myotis punicus et Rhinolophus euryale). En 2022, la Corse n’accueille plus qu’environ 300 femelles dans 3 gîtes de parturition en été contre 500 réparties dans 5 gîtes en 2010. Aucune colonie d’hibernation n’est connue en Corse ; seules des observations ponctuelles d’individus le plus souvent solitaires sont notées.
Milieu de chasse : En Corse, plusieurs suivis télémétriques sur 3 années ont mis en évidence les différents territoires de chasse utilisés par l’espèce. Les femelles sont très routinières et utilisent le réseau hydrographique en direction de vastes surfaces en eau libre (étangs littoraux, marais et embouchures de rivières, lacs de barrage). C’est une espèce inféodée aux milieux aquatiques de basse altitude.
Elles sont également capables de passer des bras de mers et cols à plus de 660 m d’altitude.
Mobilité : Le murin de Capaccini peut réaliser plus de 54 km de distance entre son gîte et son lieu de nourrissage (17 km en moyenne en suivant les linéaires de rivière).

Statuts de conservation et de protection

  • Convention de Bonn : Accord EUROBATS - ANNEXE 1 (IBOEU)
  • Convention de Bonn : Annexe II (IBO2)
  • Directive Habitat : Annexe II (CDH2)
  • Directive Habitat : Annexe IV (CDH4)
  • Liste rouge européenne (VU)
  • Liste rouge mondiale (VU)
  • Liste rouge nationale (NT)
  • Plan national en cours
  • Plan national terminé
  • Plan national terminé
  • Protection nationale (NM2)
  • ZNIEFF Déterminantes

Menaces

Cette espèce est inscrite en catégorie “vulnérable” sur la liste rouge nationale et dans la catégorie « En danger » de la liste rouge régionale. Du fait de leur faible nombre, les gîtes connus sur l’île pour cette espèce bénéficient d’une protection réglementaire (de type Arrêté de Protection de Biotope) voire d’une protection physique (grille, …). Les principales menaces mentionnées sur cette espèce concernent l’impact sur les gîtes lié aux activités anthropiques souterraines.

Tout comme le Murin de Daubenton, la dégradation ou la fragmentation du réseau écologique lui est défavorable à cause de l’assèchement des cours d’eau, des zones humides.
Cette espèce est par ailleurs très sensible à la pollution lumineuse sur ses couloirs de déplacement et ses sites de chasse.

Recommandations

Il est nécessaire d’améliorer nos connaissances sur cette espèce pour mieux la protéger. Les gîtes principaux sont actuellement suivis chaque année dans le cadre de conventions État et Région.

Espèce bio-indicatrice de son environnement, il est important de maintenir ou de conserver ou de restaurer le réseau hydrographique (rivière, zone humide) de bonne qualité à l’échelle du bassin versant, avec un débit d’eau suffisant, notamment en été dans un rayon de 30 km autour des gîtes. Une bonne gestion des ripisylves est primordiale, par les agents de terrain et les propriétaires riverains (limiter le déboisement, l’éclairage, garantir le pouvoir tampon de la zone avec une ripisylve de plus de 20 m de largeur, privilégier des boisements pluristratifiés avec spécifiquement la présence de bande enherbée, et cela, si possible sur les deux berges). Il est nécessaire d’assurer la connexion des milieux aquatiques avec les différents milieux productifs en insectes comme les forêts, les vergers, les bosquets…). De même, l’agriculture extensive est à privilégier en réduisant l’utilisation d’engrais et de pesticides afin de limiter l'eutrophisation des milieux aquatiques. Cette espèce étant très sensible à la lumière, l’éclairage à proximité des gîtes sur les couloirs de déplacements et les sites de chasse est à proscrire.

Les actions de conservation à mener sur cette espèce nécessitent une prise en compte à la fois des habitats de chasse et de gîtes qu’elle fréquente ainsi que les couloirs de déplacement. Les gîtes ne doivent pas rester isolés et déconnectés par des zones urbaines fortement éclairées ou de vastes zones très fermées, éloignées des linéaires de paysages de type ripisylves, haies.

Etudes

Entre 2008 et 2010 en Corse, le Murin de Capaccini a fait l’objet de d’études spécifiques dans lesquelles l’objectif était d’identifier les habitats de chasse afin de les décrire selon une typologie adaptée. Parallèlement, les observations effectuées ont permis de dégager des éléments essentiels d’écologie propres à l’espèce (rythme d’activité, reposoirs secondaires, distances parcourues…). La méthode employée correspondait à un suivi télémétrique nocturne d’animaux préalablement équipés d’émetteurs. Les sites étudiés étaient situés sur les communes de Coggia, d’Oletta et de Castifao. Les résultats obtenus ont permis de dégager de grandes tendances quant aux exigences de l’espèce, à savoir, une activité de chasse quasi systématique sur les rivières, fleuves, retenues d’eau, barrages, étendues lagunaires parfois jusqu’à plus de 50 km des gîtes. (mine de Castifao et l’étang de Biguglia). Les insectes-proies sont le plus souvent glanés directement au-dessus de l’eau et consommés au posé dans des reposoirs nocturnes proches du site de chasse.

Au cours des années 2022-2024, une étude “trame turquoise et trame noire” spécifique notamment au murin de Capaccini a été étudiée sur les secteurs du Liamone ainsi que sur les régions de Bastia et du Nebbiu. L'objectif est d'étudier les milieux utilisés par les chauves-souris, gîtes et couloirs de déplacements, afin de promouvoir leur préservation et, dans certains cas, restaurer les milieux dégradés. Une étude des diverses menaces potentielles pour les chauves-souris est réalisée pour identifier des zones potentielles de conflit à leurs déplacements. L'objectif final est d’informer les acteurs du territoire sur cette problématique et de les accompagner dans une meilleure prise en compte des chauves-souris le territoire, en allant jusqu’à modifier certains aménagements lumineux sur la Commune.

Répartition

Bibliographie

  • Beneux G., 2006 - Document d'objectifs du site SPN FR9402011 " Les anciennes mines de Lozari", 53 p. 
  • Beneux G., 2001 - Document d'objectifs du site "cavités à chauve-souris de Castifau, Muracciole, Olmeta di Tuda et Coggia-Temuli" (FR9400613) - La grotte marine de Coggia-Temuli, 35 p. 
  • Groupe chiroptères Corse, 2020 - Programme d'études sur les chiroptères forestiers en Corse. Année 2019. GCC, 12 p. 
  • Groupe chiroptères Corse, 2018 - Programme régional d'actions en faveur des chiroptères en milieu forestier en Corse. Année 2018. Synthèse finale., 18 p.
  • Rist D., Beuneux G., Courtois J.Y., 2010 - Recherche des territoires de chasse du murin de Capaccini (Myotis capaccinii) en Corse ; premiers résultats. Symbioses, n.s. (25):1-4. 
  • Tapiero A. (coord.), 2016 - Plan national d'actions en faveur des chiroptères 2016-2025., 81 p. 
  • Tapiero A., Strubel V., 2017 - Agir pour les chiroptères. L'essentiel du plan national d'actions 2016-2025., 15 p. 

Rédaction fiche : Groupe chiroptères Corse d’après données de Courtois et al. (2011)