Murin de Daubenton EFFECTUER UN SIGNALEMENT
Classification
Nom scientifique : Myotis daubentonii (Kuhl, 1817)
Nom vernaculaire : Murin de Daubenton
Nom corse :
Classe : Mammalia
Ordre : Chiroptera
Famille : Vespertilionidae
Espèce sédentaire
Espèce protégée nationalement
Espèce peu vulnérable
Espèce courante
Caractéristiques
Tout comme le murin de Capaccini, le murin de Daubenton est une chauve-souris de taille moyenne qui se reconnaît à ses grands pieds munis de très grandes griffes. Le tour des yeux et du museau sont dégarnis et de couleur rosé. Ses oreilles sont longues (1,0 à 1,4 cm) et arrondies et son tragus est en forme de doigt émoussé. Le pelage est court, dense et s’allongeant sur le dos (marron chez les adultes et gris chez les juvéniles). Le ventre est blanc cassé à blanc grisâtre.
Une confusion régulière est faite avec le Murin de Capaccini, plus grisonnant, avec des narines proéminentes.
Régime alimentaire : Son régime alimentaire se compose de petits insectes aquatiques et même de petits alevins. Il chasse quasiment exclusivement au-dessus de l’eau avec un vol rapide suivant une trajectoire répétitive (1 à 5 m de hauteur).
Taille moyenne : avant-bras : 57 à 68 mm
Taille corporelle standard : 42-57mm
Envergure : 240-275 mm
Poids : 4,5 à 11,5 g
Longévité : La longévité pour cette espèce est de 3 à 4 ans pour les femelles et de 3 à 5 ans pour les mâles. L’âge maximum enregistré est de 30 ans.
Reproduction : La gestation dure environ 50 à 55 jours et la mise-bas a lieu en mi-juin. Les jeunes commencent leur envol environ 3-4 semaines plus tard.
Écholocalisation : Les signaux émis par cette espèce sont en fréquence modulée abrupte de 3 à 7 ms et présentent une courbure sigmoïde caractéristique, avec une fréquence terminale variant de 25 à 30 kHz. Les signaux émis au-dessus de l’eau donnent un effet « perlé » sur le sonogramme.
Localisation : sa distribution géographique est plutôt nordique (il est absent d’Afrique du Nord et présent jusqu’en Scandinavie, voire le cercle polaire). En Corse, 95 % des observations sont en dessous de 800 m d’altitude, alors que sur le continent, cette espèce est régulièrement citée au-delà de 1 000 m. En Corse, un individu a cependant été observé à 1 450 m sur un col du Niolu.
Habitat : les animaux sont présents de mai à septembre dans leurs gîtes de reproduction. En Corse, ces derniers peuvent être de tous type d’anfractuosités : parpaing, hourdis, joints de voûte, joints de buse, joints de dilatation de pont, mur en pierres sèches, coffrage…). Sur le continent, de nombreux gîtes à cette espèce ont été observés dans les ripisylves. Les aqueducs récents en buses de béton aboutées lui offrent la possibilité de gîter. Aujourd’hui, seulement 9 gîtes de reproduction sont connus par l’association en Corse (soit un effectif de 1 200 individus) et 2 gîtes d'hibernation. Les effectifs totaux de cette espèce sur l’île restent difficiles à estimer avec précision.
Milieu de chasse : le murin de Daubenton est une espèce riveraine qui se répartit autour des points d’eau libre, principaux éléments composant ses sites de chasse. Ce sont généralement des étendues d’eau calme bordées de végétations rivulaires. Il serait également capable de chasser dans les allées et lisières de boisement, prairies, vergers, parcs arborés ou encore dans les stabulations agricoles. Quelques études scientifiques ont pu démontrer son rôle en tant qu'auxiliaire de culture secondaire.
Mobilité : Pour se déplacer entre ses gîtes et sites de chasse, cette espèce utilise les linéaires paysagers de type fossés, ripisylves, haies, lisières et chemins forestiers. Pour le moment, aucune étude de suivi télémétrique n’a été menée en Corse sur cette espèce, mais il est connu que les sites de chasse sont situés dans un rayon de 6 à 10 km autour des gîtes avec une moyenne de 2,3 km. De plus, il semblerait que les populations de plaine réalisent de plus grands déplacements que les populations montagnardes.
Statuts de conservation et de protection
- Convention de Bonn : Accord EUROBATS - ANNEXE 1 (IBOEU)
- Convention de Bonn : Annexe II (IBO2)
- Directive Habitat : Annexe IV (CDH4)
- Liste rouge mondiale (LC)
- Liste rouge nationale (LC)
- Plan national terminé
- Plan national terminé
- Protection nationale (NM2)
Menaces
Le Murin de Daubenton n’est pas une espèce menacée, mais elle est sans doute la victime la plus courante des opérations d’entretien des anciens ponts voûtés (emmurage des animaux et disparition de gîtes). Une convention avec le service des routes de la Collectivité de Corse pourrait ou peut ? assurer la tranquillité des Murins de Daubenton sur un site.
Tout comme le Murin de Capaccini, la dégradation des sites de chasse lui est défavorable à cause de l’assèchement des cours d’eau, des zones humides du fait du dérèglement climatique ou encore le recouvrement des plans d’eau par des plantes aquatiques issues de phénomène d’eutrophisation et les espèces exotiques envahissantes. De même, la fragmentation du réseau écologique est défavorable à cette espèce.
Lucifuge, elle est également sensible à la pollution lumineuse et aux risques de collision sur ses espaces. Dans les espaces agricoles et les milieux aquatiques, le murin de Daubenton est exposé à la contamination de ses proies aux pesticides et métaux lourds (intoxication, diminution de la croissance, atteinte au système immunitaire).
Recommandations
Il est nécessaire d’améliorer nos connaissances sur cette espèce pour mieux la protéger. Il serait intéressant de pouvoir lancer un nouveau programme d’étude sur plusieurs années sur cette espèce.
Il est important de maintenir un réseau hydrographique en bon état, avec un débit d’eau suffisant notamment en été dans un rayon réduit autour des gîtes d’été (limiter l’eutrophisation des rivières et plans d’eau, maintien et bonne gestion des cordons végétaux pluristratifiés sur les berges, création de mares…).
Il est tout autant important de favoriser une agriculture extensive en réduisant l’utilisation d’engrais et de pesticides afin de limiter l’eutrophisation des milieux aquatiques.
C’est une espèce très sensible à la lumière, où l’éclairage à proximité des gîtes, sur les couloirs de déplacements ou les sites de chasse est très néfaste. Pour réduire les risques de collision, des aménagements de franchissement routier et régulation du trafic peuvent être menés après avoir identifié les zones réellement utilisées à proximité des sites de gîtes d’été.
Etudes
Au cours des années 2022-2024, une étude de la trame turquoise et noire prenant en compte le murin de Daubenton a été engagée sur le secteur du Liamone ainsi que les régions du Bastia et du Nebbiu. L'objectif est d'étudier les milieux utilisés par les chauves-souris, gîtes et couloirs de déplacements, afin de promouvoir leur préservation et, dans certains cas, restaurer les milieux dégradés. Une étude des diverses menaces potentielles pour les chauves-souris est réalisée pour identifier des zones potentielles de conflit à leurs déplacements. L'objectif final est d’informer les acteurs du territoire sur cette problématique et de les accompagner dans une meilleure prise en compte des chauves-souris sur le territoire.
Répartition
Bibliographie
- Biteau E., Dubos T., 2024 - Le Murin de Daubenton ? Myotis daubentonii. Revue de la bibliographie, 10 p.
- Groupe chiroptères Corse, 2020 - Inventaire des chiroptères dans plusieurs zones humides de Corse. Etude des mares temporaires, 18 p.
- Groupe chiroptères Corse, 2020 - Programme d'études sur les chiroptères forestiers en Corse. Année 2019. GCC, 12 p.
- Groupe chiroptères Corse, 2018 - Programme régional d'actions en faveur des chiroptères en milieu forestier en Corse. Année 2018. Synthèse finale., 18 p.
- Tapiero A. (coord.), 2016 - Plan national d'actions en faveur des chiroptères 2016-2025., 81 p.
- Tapiero A., Strubel V., 2017 - Agir pour les chiroptères. L'essentiel du plan national d'actions 2016-2025., 15 p.
Rédaction fiche : Groupe Chiroptères Corse d’après données de Courtois et al. (2011) et du MNHN-INPN 2023